Nous goutons peu les critiques qui nous sont adressés. Pourtant le regard des autres sur nos faits et gestes est crucial : il leur donne du sens.
Pour nombre de salariés, les entretiens annuels d'évaluation sont inefficaces et couteux, en temps comme en énergie (enquête tendances RH 2017, réalisée par le cabinet Deloitte). Rien de pire qu'un manager qui ne suit pas les dossiers mais débarque une fois l'an pour donner son opinion sur vos missions et votre façon de travailler.
Plus des deux tiers des personnes interrogées préfèrent à tout prendre, avoir des retours plus fréquents et plus diversifiés de leur travail. D'ou l'essor, ces dernières années, de nouvelles méthodes d'évaluation, en individuel ou en groupe, impliquant un nombre plus ou moins important de collègues, voire de partenaires extérieurs, qui s'expriment publiquement ou sous le sceau de l'anonymat. Dans toutes ces situations, le soin de nous juger revient à autrui. Comme le résumait Jean-Paul Sartre dans l'existentialisme est un humanisme : "pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre."
L'ENFER, C'EST LES AUTRES ?
Pour le philosophe, en effet, nous ne prenons conscience de nous-mêmes qu'a travers le regard d'autrui. Si nous étions seuls au monde, nous ne connaitrions jamais l'expérience d'être vus, entendus...N'étant jamais dans le champ de perception de quelqu'un d'autre, nous n'aurions même pas conscience qu'un point de vue sur soi extérieur à soi puisse exister. Mais nous ne sommes pas seul au monde. Et même quand nous essayons d'évaluer nous-mêmes notre travail, "nous usons des connaissance que les autres ont déja sur nous" et nous nous jugeons avec les moyens qu'ils nous ont donnés.
Sans nos collègues, nos proches, nos relations et même ce passant dont nous avons croisé le chemin, nous ne pourrions pas ressentir de fierté et, inversement, nous n'aurions jamais honte de ce que nous faisons. En fait, nous vivons "l'enfer" avec les autres, comme les personnages de la pièce de théâtre "les huit clos" lorsque leurs jugements sont négatifs ou de mauvaise foi. Et il n'est pas sur, finalement que les feed-back 360 degré soient plus objectifs et plus agréables à entendre que l'évaluation de son seul chef.
Fabien Trécourt